INVITATION A LIRE "JOURNAL D'UNE PSY RÉUSSIE"
- PLETOURN
- 10 oct. 2021
- 13 min de lecture
Les paroles d'Annie, les moments forts de sa vie résonnent toujours . Découvrez deux extraits, sélectionnés par son amie Pascale qui, nous l'espérons, vous donneront l'envie de découvrir son "Journal d'une vie réussie" paru chez l'Harmattan :
Un jour qui va changer mon avenir
et
« Sauve-toi, la vie t’appelle » de Boris Cyrulnik
1-Un jour qui va changer mon avenir
J’ai 9 ans, je vais mal depuis que la mamie de Morestel (ma famille d’accueil) m’a dit un jour quand je rentrais de l’école : « Ta mère ne nous embêtera plus. » Je ne parle plus, à l’école la maîtresse m’a reléguée au fond de la classe, à côté des filles du cantonnier. La mamie ne me supporte plus.
Un matin, dans la traction Citroën du bon papa, nous sommes partis à Grenoble dans les locaux de l’assistance publique (la DASS aujourd’hui). Un homme, avec un grand sourire affectueux, m’a donné des devoirs et un dessin à faire. Je suis dans une pièce toute seule. Je fais toujours le même dessin, une maison, un sapin, et une dame avec un enfant qu’elle tient par la main, qui marche sur la route en tournant le dos à la maison. J’ai fait facilement les devoirs. L’homme au sourire affectueux entre dans la pièce, j’attends assise, il me dit, surpris : « Tu as déjà fini ? » J’ai répondu : « Oui. » Il est ressorti avec mes devoirs et mon dessin. Il reviendra et je dois dire au revoir à la mamie et au bon papa. J’irai deux jours à l’hôpital de Grenoble avant d’entrer ensuite au foyer départemental de la Monta Saint-Égrève.
Ce jour est un grand jour, l’homme au sourire affectueux est le psychologue de l’assistance publique. Il a dit à la famille d’accueil que j’étais intelligente et qu’il était préférable que j’aille dans une pension, mais que je pourrai passer Noël et Pâques à Morestel. Ce psychologue, Jean Le Men, a tout compris, en particulier que j’étais en danger psychique dans cette famille, que je voulais la quitter et partir avec ma mère (le dessin), et que compte tenu de mes facultés intellectuelles, j’aurai plus d’avenir dans une structure neutre de l’État.
À partir de ce jour-là, je n’ai plus été la même personne, le regard des autres a changé, de l’enfant de la fille-mère, je suis devenue une enfant intelligente. J’avais un atout, un as de cœur entre les mains, je pouvais avoir confiance en moi pour un nouveau départ. C’est avec cet as de cœur que j’ai réussi ma vie par certains aspects exceptionnels. Chaque orphelin a un atout entre les mains qui peut lui donner la force de surmonter les épreuves de sa différence. Un homme, une femme sur son chemin peut lui révéler cet atout et lui donner confiance en lui. C’est ce qu’a fait pour moi le psychologue de l’assistance. Je le remercie aujourd’hui.C’est sous la forme d’un journal que j’ai choisi d’apporter mon témoignage.
J’y relaterai mes réflexions, mes souvenirs de vie et d’enfance, et surtout le vécu émotionnel différent de l’enfant orphelin. Chaque orphelin qui le lira ne se sentira plus seul dans son expérience émotionnelle singulière, et je pense que cela l’aidera à surmonter ses souffrances et à trouver son chemin..........
Événement majeur : M., la fille de la mamie de Morestel (la famille d’accueil chez qui j’ai passé 3 ans) m’a envoyé mon dossier consciencieusement gardé depuis 1953
En bonne croyante de 93 ans, sentant son heure de vérité prochaine, elle m’a envoyé mon dossier. Finalement, la culpabilité chrétienne se révèle parfois avoir des avantages. J’ai reçu le dossier qu’avait constitué la mamie et découvert quelques informations qui me permettent de compléter le puzzle de mon histoire (jugement retirant la garde de ses enfants à Marie-Louise Prost, bulletins scolaires, lettres, photos, etc.).
La première réaction fut la joie de me voir en photo à 7 et à 9 ans. Une jolie petite fille, volontaire et déjà ironique, dixit Nadège. Cette joie est difficile à imaginer pour ceux qui ont eu l’habitude de se voir en photo, bébé, dans les albums familiaux, mais pour moi, ce fut un vrai bonheur.
Deuxième réaction : sur le plan émotionnel, pas vraiment de haine, juste de la colère vis-à-vis de l’État complice de la pathologie et du rapt de la mamie. Face aux documents de la DASS (appelée à l’époque la population), de la justice (requête de la mamie pour la déchéance des droits «de puissance paternelle » de ma mère, et jugement lui retirant ses droits de garde), ou face aux lettres de la directrice du foyer se désolant de mon indiscipline, je n’ai ressenti qu’une profonde consternation pour tous ces gens que je qualifierais de totalement imbéciles. Un affect de colère quand même contre l’État qui a rendu un jugement inique contre ma mère sous l’influence de la mamie. J’ai été victime d’une erreur judiciaire d’après l’assistante sociale de la DASS qui m’avait permis de consulter cette partie du dossier quand je l’avais rencontrée en 1980. Elle était choquée et m’avait dit : « Jamais cela ne serait possible aujourd’hui. »
Troisième réaction : une découverte intéressante, l’image que l’on avait de moi à 6 ans et 15 ans. À 6 ans, voilà ce que l’on disait sur moi (lettre de Madeleine Barthès, la personne qui a mis en contact la mamie et la supérieure du foyer Saint-Vincent-de-Paul) : « Parfois j’ai des remords. Si jamais elle vous créait des ennuis, je l’ai mise sous la protection de Notre-Dame-de-la- Salette, Dieu veuille aussi la garder dans le droit chemin. Ce sera certainement une enfant vivante, sensible et peut-être un peu trop sentimentale... Elle n’est pas en retard, loin de là. »
À 15 ans (lettre de la directrice du foyer de Saint-Égrève) expliquant, suite à mon renvoi du lycée de Voiron en 3è : « Je n’ose plus faire aucun pronostic sur l’évolution d’Annie, elle a tant de possibilités, mais elle est terriblement décevante. Je ne crois pas que, ni vous, ni nous, ne puissions faire grand-chose pour Annie, son indépendance forcenée la met hors de notre influence. » Ouf, je l’ai échappé belle...
En fait, étant la fille d’une fille-mère, on voit déjà se dessiner sur l’image de l’enfant toutes les scories négatives des jugements que la société portait sur la mère. Mon indépendance forcenée n’était, sans doute, que l’expression de ma révolte contre les décisions iniques qui avaient été prises pour moi et contre les fatwas que les bien-pensants m’avaient lancées en termes de cadeaux, pour m’aider à surmonter mes épreuves affectives.
Ces commentaires m’ont plutôt fait rire, et je les ai lus avec fierté, comparant les pronostics établis sur moi avec les résultats de ma vie, entre réussite sociale et humaine, j’ai bien déjoué leurs pronostics et je me suis sentie confortée dans le bien-fondé de mon attitude d’alors, où j’avais pris tous les risques pour me libérer de l’emprise de la toute-puissance laïque et catholique de l’époque (le risque étant alors la maison de correction dont j’étais régulièrement menacée).
Quatrième réaction : grâce aux nouvelles informations, j’ai pu réécrire le film de mon histoire. Entre 2 et 3 ans, ma mère me confie à l’orphelinat de Saint-Vincent-de-Paul (je croyais que c’était plus tard, vers 4 ans).
À 6 ans, je passe les vacances d’été chez la mamie de Morestel, sur la recommandation de Madeleine Barthès, une amie de la famille Bourgey qui a mis en contact la mère supérieure de l’orphelinat et la mamie. Comme tout se passe bien pendant les vacances, la mamie demande à m’accueillir, ce qui se fait avec l’accord de ma mère qui exerce ce qui s’appelle à l’époque « ses droits de puissance paternelle » (bigre, où est la place du rôle des mères là-dedans ?).
La première année se passe très bien chez la mamie (comme me l’a dit le psy : « Vous aviez votre mère [que je voyais de temps en temps], et une grand-mère »). Jusqu’à ce que ma mère veuille me reprendre pour me mettre dans une pension proche de son domicile et lieu de travail (dixit à mon amie Jacotte de Grenoble madame C-M., la famille chez qui ma mère travaillait). La mamie ne le veut pas, et c’est elle qui va faire une requête au président du tribunal civil pour une demande de déchéance des droits de puissance paternelle de ma mère (elle a reçu une photocopie de la requête, les minutes du greffe du tribunal civil et le jugement). Le jugement prononcé n’ira pas jusque-là puisque ma mère sera déchue de ses seuls « droits de garde de ses enfants mineurs » (pour conduite légère et impossibilité de subvenir aux besoins d’éducation de ses deux enfants, etc.). Le placement chez la mamie est confirmé, ce qui lui permettra de me dire un jour à mon retour de l’école : « Ta mère ne nous embêtera plus. » Ce qu’elle n’imaginait pas, c’est que j’allais prendre le relais, et je n’ai plus été la gentille petite fille qui était arrivée l’année précédente à Morestel. Le psy de la population me retirera de cette famille 2 ans plus tard pour me confier au foyer départemental de Saint-Égrève, ce que ma mère ne saura jamais (après le jugement, la puissance paternelle est confiée à la responsabilité de la population, aujourd’hui la DASS).
Une énigme : ma mère n’est pas venue au procès. Ne voulait-elle pas entendre les griefs dont on l’accablait à l’époque en tant que mère célibataire ? A-t-elle renoncé d’elle-même à se battre puisque j’étais dans une famille aisée et matériellement sécurisée ? En tout cas, je ne lui ferai aucun procès parce que pour moi, c’est surtout à tous ceux qui ont pris le relais de la puissance paternelle et à leur bêtise que je voudrais faire un procès. Mais cela, je crois que je le fais depuis cette époque dans mes charges continuelles contre les imbéciles, dans ma méfiance viscérale de l’État, et dans mon indifférence vis-à-vis des jugements que la société porte sur mes choix de vie et mon indépendance.
J’ai aussi bien ri, à la lecture de mes bulletins de classe du foyer envoyés à la mamie (j’ai 9 ans) : « 0 de conduite pour avoir ramassé des prunes en promenade. » « Annie n’a aucun goût, ni dans sa tenue (ni coiffée, ni boutonnée et désordonnée), elle esttrès dissipée et agitée. » Aujourd’hui, on m’aurait qualifiée d’hyperactive et bourrée de médicaments. Ces gens-là ne pouvaient-ils pas comprendre qu’en orphelinat, depuis l’âge de deux ou trois ans (sans modèles parentaux et en rejet du formatage social de la mamie), on ne peut pas vraiment avoir envie de se coiffer et qu’on est plus proche dans sa tête de l’enfant sauvage de Truffaut que de la petite fille bourgeoise bien sous tous rapports qu’on attendait de moi ! Et je comprends bien maintenant les raisons pour lesquelles je déteste le coiffeur et ne m’aime que « décoiffée au naturel », exprimant toujours de cette façon mon rejet de la mamie voleuse d’enfant. Autre commentaire : « Un effort de stabilité en classe, mais Annie a encore beaucoup à faire pour être supportable. » Ça me ravit... ou encore : « Annie fait de très gros efforts... Si elle continue elle se fera aimer. Ce qui voulait bien dire que je ne l’étais pas et ne le serais que dans le formatage rigoureux du foyer.
J’ai aussi le sentiment qu’en me faisant retirer de chez la mamie et en me révoltant à l’adolescence, j’exprimais ma fidélité et mon soutien à ma mère. Je crois que je lui disais : «, Moi aussi, je ne t’abandonne pas, comme toi qui a essayé de m’enlever à la mamie toxique contre les forces obscures de la société, j’ai résisté. » C’est ce que me disait d’une autre façon le psy.
Quand le matin je pars jouer, seule, au golf, en fait je vais passer un moment avec ma mère et lui témoigner mon amour. Finalement, ce qui est le plus important pour moi dans la possession de ces documents, c’est que cela me donne le sentiment que mon histoire existe dans le réel, j’en ai les preuves. Mon histoire n’est pas seulement dans ma tête !Il faut dire qu’il m’a été rapporté que certaines personnes pensaient que j’avais tout inventé. J’avais été profondément blessée d’apprendre cela. Maintenant, mon dossier n’est pas perdu dans les archives de la DASS, j’en ai une partie en ma possession. Et ça, ça fait vraiment du bien.
2-Boris Cyrulnik : « Sauve-toi, la vie t’appelle » Juin 2013
Mes lectures actuellement alternent entre romans (Mankel, Caryl Ferey...) et le travail de Boris Cyrulnik. Dans « Sauve-toi, la vie t‘appelle » Boris Cyrulnik décrit ce qu’un enfant ressent après avoir subi un traumatisme particulièrement violent dans la petite enfance (orphelin, abandon, arrestation et danger de mort pour lui), avec les mots de son vécu d’enfant. Il en explique aussi les conséquences dans le développement de sa personnalité et analyse les réactions de l’environnement social face à la singularité d’une histoire (déni et rejet).Je n’avais jamais, auparavant, ni rencontré un récit, ni analysé moi-même avec autant d’intelligence ce vécu exceptionnel du traumatisme d’un enfant et de ses conséquences.
Merci monsieur Cyrulnik d’apporter à ceux qui ont vécu un trauma ce réconfort des mots sensibles et justes. J’ai noté les passages les plus forts à ce propos :
« Rien ne s’efface, on croit avoir oublié, c’est tout. » Ce qui fait écho à la phrase de Freud : « Les souvenirs oubliés ne sont pas perdus. » « Les conditions adverses (la niche affective qui entoure un bébé est appauvrie) organisent un milieu qui peut troubler le développement de l’enfant, son cerveau n’est plus harmonieusement stimulé. La cascade des petits traumatismes quotidiens répète les déchirures originelles et accroît la vulnérabilité de l’enfant. Désormais, un rien pourra le blesser. Un enfant qui, au cours des premiers mois de vie, a reçu l’empreinte d’un attachement sécure, est plus difficile à blesser qu’un enfant qui a déjà souffert. »« Personne ne donne la même signification au même fait. L’émotion attribuée au scénario mis en mémoire dépend de l’histoire du sujet, ce qui revient à dire que dans une même situation, chacun se construit des souvenirs différents. »
Boris Cyrulnik, né le 26 juillet 1937 à Bordeaux, est un neuropsychiatre et écrivain français renommé. Il est l’auteur du concept de résilience appliqué au développement de l’enfant qui a subi un traumatisme sévère.
C’est ce que ressent tout orphelin privé de famille à Noël. C’est le sentiment d’exclusion qu’il va vivre s’il accepte l’invitation d’une famille ce jour-là, et non pas celui de l’intégration à une fête. C’est aussi pour le bâtard une image du mariage perturbée, ce sera soit un désir à réaliser à tout prix, soit une image négative à éviter, car son père n’a pas épousé sa mère.« Dans la mémoire saine, la représentation de soi raconte la manière de vivre qui nous permet d’être heureux. Dans la mémoire traumatique, une déchirure insensée fige l’image passée et brouille la pensée. » La contamination affective du présent par le passé s‘ajoute aux distorsions inévitables de la représentation des faits passés. Les nouveaux souvenirs sont inévitablement influencés par les vieux souvenirs.
Je continue avec les passages qui m’ont le plus marquée et qui concernent aussi tout le monde :« Faire le récit de sa vie, ce n’est pas du tout exposer un enchainement d’événements, c’est organiser nos souvenirs afin de mettre de l’ordre dans la représentation de ce qui nous est arrivé, c’est en même temps modifier le monde mental de celui qui nous écoute. »« Le sentiment qu’on éprouve après un récit de soi dépend des réactions de l’autre. Que va-t-il faire de ce que j’ai dit ? Va-t-il me tuer, me ridiculiser, m’aider ou m’admirer ? Celui qui se tait participe au récit de celui qui parle. » Mais il n’y a pas de fatalité :« Lorsqu’on parvient à supprimer le malheur social ou relationnel qui a appauvri la niche, lorsqu’on a pu l’enrichir en modifiant les relations ou lorsqu’on a proposé un substitut environnemental, ces vulnérabilités neurologiques acquises peuvent disparaitre. »« Depuis l’âge de deux ans, je n’ai connu que des ruptures, des déchirures, des isolements sensoriels, l’absence de stimulation ne mettait rien en mémoire. Les changements d’institutions empêchaient le tissage d’un attachement. La relation avec les adultes se réduisait à l’autorité ou à l’humiliation » nous dit encore Boris Cyrulnik.
Je me retrouve bien sûr dans tous ces propos et particulièrement dans ce dernier. N’ayant vécu dans la petite enfance que des ruptures affectives, c’est la norme qui s’est inscrite dans ma mémoire et la rupture amoureuse ou amicale s’impose naturellement dès qu’un conflit surgit. Heureusement que je suis lucide sur cet état et que j’arrive, après digestion du conflit (souvent quelques années), à renouer avec ceux qui auront beaucoup de bienveillance à mon égard et comme le définit cette citation de l’amitié : « L’amitié, c’est quand on connait bien quelqu’un, on l’aime quand même ».
Deux autres citations me replongent dans cette exclusion émotionnelle que je ressentais au lycée où je ne pouvais raconter mon absence de parents sans me sentir mal. J’avais l’impression que je faisais peur.
« Pourquoi m’avait-on demandé de raconter ces événements exceptionnels que je préférais taire ? Quand je les exposais, je me sentais anormal : fier ou honteux selon le regard de l’autre. Je me sentais apaisé, je n’avais plus rien à cacher mais dans l’ensemble, la réaction de l’entourage me poussait vers le non-dit. Quand un adulte ne me croyait pas, quand un petit copain refusait de jouer avec moi, je me résignais au silence. »
« Quand le malheur des autres est inimaginable, on le compare à nos petites misères. Cette réaction qui protège l’entourage isole l’infortuné. J’aurais dû dire ce qui isole en lui la partie non partageable de son histoire. La crypte individuelle qui s’incruste dans l’âme blessée y est installée par la réaction discordante de ses proches et de sa culture. ».
Very very good news : Boris Cyrulnik m’a envoyé une lettre suite à la lecture de mon journal de 2010 (Christophe C., voisin de Boris Cyrulnik, a remis mon journal 2010 au célèbre neuropsychiatre.) Cette lettre m’a déclenché une grande et belle émotion. Je me suis sentie reconnue et comprise et ceci par un psychiatre qui représente une véritable autorité dans la compréhension des traumas de l’enfance. Tout simplement, cela m’a fait un bien énorme. Tout le monde connait ce type d’émotion qui vous apporte une immense chaleur qui irradie la poitrine et vous procure une énergie fantastique. Merci à Christophe C. qui a remis mon manuscrit à Boris Cyrulnik et merci à celui-ci de m’avoir apporté par quelques mots un réconfort inestimable.
Lettre de Boris Cyrulnik :
« Chère Madame,
Toute histoire de vie est une aventure. On ne gagne pas toujours, mais quand la victoire arrive on ne voit plus notre passé avec le même regard. On a eu un malheur, il reste dans notre mémoire, mais on y ajoute un sentiment curieux : on en a triomphé. Le triomphe n’est jamais total, il a fallu se bagarrer, même les bien-partis de l’existence n’ont pas toujours un parcours facile, alors pourquoi faudrait-il que les mal-partis de l’existence n’aient pas de difficultés ?
Votre exemple est une illustration de cette bagarre souvent victorieuse. En plus votre écriture permet de lire avec plaisir votre témoignage et vos réflexions. Merci d’avoir bien voulu me faire partager ce manuscrit. Tous mes encouragements vous accompagnent. »
Ma réponse :
« Cher Monsieur,
Vos quelques mots m'ont apporté un inestimable réconfort. Celui du sentiment d'être comprise et reconnue dans la partie la plus intime de mon identité et de ma singularité. Je vous en remercie profondément.
Votre message prendra bien sûr la place d'honneur parmi les commentaires effectués par mes amis à la fin de mon journal 2010. Il en sera la caution du grand professionnel que vous êtes, aux yeux des lecteurs qui le liront j’espère dans le futur. Je vais de temps en temps à la Seyne et j’aimerais beaucoup fêter avec vous, autour d'un champagne, "le triomphe" de tous les résilients qui se sont reconnus dans vos écrits. Les parents de ma filleule Nadège, qui suit aujourd'hui votre chemin à la Salpêtrière en tant que chef de clinique en psychiatrie ados dans le service de David Cohen, habite à la Seyne. Je crois savoir que Nadège, dont vous avez lu le parcours dans mon journal, rêve de vous rencontrer. Si vous avez la disponibilité de nous accorder quelques instants, je me permettrai de vous prévenir lors de mon prochain passage. Merci encore pour la belle émotion que vous m'avez procurée, par la qualité et la sensibilité de votre regard sur mon histoire. Très sincèrement, »
Réponse de Boris Cyrulnik :
« Il vous suffira de me téléphoner. Si mon agenda est d'accord, ce sera un plaisir de bavarder avec vous et votre filleule. Très cordialement. »
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