Secrets de la réussite du Smith Haut Lafitte noté 100 au Parker
- Annie Prost
- 14 août 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 sept. 2020
Extraits de journal 2010- 2019 : « Un regard singulier"
Smith Haut Lafitte 2009 : un cru exceptionnel, un cadencement climatique parfait.
Weekend chez Florence et Daniel à Bordeaux, par des journées de novembre dans le brouillard mais encore agréables. J’ai demandé à Daniel de m’expliquer les raisons pour lesquelles le cru 2009 était exceptionnel.
En voici l’explication : à Bordeaux en 2009 le cadencement climatique a été parfait, ce qui signifie :
Avril – mai : période de vitalité végétale de la vigne. C’est la période où la vigne se réveille, développe ses branches et son feuillage, elle a besoin d’eau. L’idéal : qu’il pleuve tous les 8-10 jours. 2009 : Done
Juin : une semaine de floraison
Cela va déterminer le volume et la possibilité de création d’une belle grappe. Pendant cette semaine-là, il ne faut pas qu’il pleuve pour permettre une pollinisation réussie. S’il pleut, la pollinisation se fera mal et le volume s’en ressentira. 2009 : Done
Juillet – août : développement de la maturité du fruit
Il faut un temps sec et chaud, une bonne sécheresse est même souhaitée : la vigne dans ces conditions change de programme. Elle ressent la sécheresse et songe à sa progéniture, plus question de se mobiliser sur elle-même, toute l’énergie doit être tournée vers sa descendance : le raisin. 2009 : Done
Fin août – septembre : la véraison, le fruit change de couleur
Le temps doit être chaud, sans plus, pour ne pas créer de stress hydrique : si la sécheresse se maintient, la vigne souffre et va pomper l’eau accumulée dans le fruit pour elle-même, ce qui altèrera son goût. Les nuits doivent être fraiches. Ce cocktail de fin d’été sera essentiel pour favoriser la qualité gustative finale du fruit. 2009 : Done
Bref, 2009 a été une année avec un cadencement climatique parfait, voilà le secret des grandes années et des grands vins français. Merci à cette situation géographique exceptionnelle. Le maitre Parker a donné la note exceptionnelle de 100 au Smith Haut Lafitte 2009.
En fait, il a fallu 20 ans à Florence et Daniel pour faire un très grand « grand cru » en partant d’un grand cru délaissé par le précédent propriétaire (un Anglais je crois). Cela a pu se faire au prix d’un lourd investissement en matériel (vendanges à la main, 200 tonneaux en chêne réalisés chaque année dans la propriété, des chaix en bois, etc.) et en hommes (10 personnes travaillaient à l’arrivée des Cathiard, 50 travaillent aujourd’hui dans les vignes). Florence et Daniel viennent d’ailleurs d’avoir l’honneur d’un reportage sur France 3 dans une émission de Mireille Dumas consacrée aux entrepreneurs qui ont réussi en France. Ce documentaire a été fait de façon intelligente sans le relent habituel anti-riches de la télévision publique française, et il montre une famille dont la réussite familiale est portée par les valeurs d’efforts, d’intelligence et de persévérance quels que soient les aléas climatiques ou concurrentiels.
La nature m’a fait cadeau un beau matin d’un tableau de Schiele.
Novembre a été un mois doux et j’ai profité des dernières matinées clémentes pour jouer au golf avec ce sentiment qu’il faut vivre ces moments avec intensité, car les journées d’hiver sont devant nous. C’est un peu le sentiment que l’on ressent, dans cette troisième période de vie, après avoir arrêté de travailler. L’énergie est encore là, on bénéficie de longues journées d’oisiveté que l’on peut remplir par des activités physiques ou de l’esprit. Je dirais que c’est une période de vie à l’apogée de la réalisation de soi sans tension ni énergie gaspillée en combats sociaux nécessaires ou vains. Ce bonheur a été amplifié un matin au golf par un lever de soleil stupéfiant que j’ai immortalisé avec mon IPhone.

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